Gilles AILLAUD


Le conservateur du Centre Pompidou, Didier Ottinger, présente une rétrospective de ce peintre: “Gilles Aillaud. Animal politique “.

Pour commencer la présentation de Gilles Aillaud, il faut savoir qu’il est considéré comme un des acteurs important de la peinture narrative (mouvement artistique apparu, principalement dans la peinture, au début des années 1960).

Pour cela, j’ai envi de vous présenter un tableau (pas présent dans l’exposition) qui avait été réalisé par un collectif de peintres ( Edouardo Arroyo , Antonio Recalcati et Gilles Aillaud) dans les Années 1965.

“Vivre et laisser mourir ou la Fin tragique de Marcel Duchamp.”

Gilles Aillaud explique dans la préface de l’œuvre : « Pour nous, qui entendons nous manifester comme de véritables individus dans le temps et l’espace, il ne s’agit donc pas d’inventer ou de découvrir de nouvelles formes d’expression artistique mais de donner davantage à penser”

Les auteurs de ces toiles critiquaient chez Duchamp son refus de s’engager, eux qui pratiquaient une peinture politique qu’ils voulaient plus proches de la vraie vie que des musées. Avec ses ready-mades, Duchamp mystifiait, à leurs yeux, l’image de l’artiste, comme s’il suffisait qu’il touche un objet pour en faire une œuvre d’art.

Pour en savoir plus.

Le lien ‘: https://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/arroyo/vivreetlaissermouriroulafintragiquedemarcelduchamp.htm sur ce tableau résume bien le propos. Ainsi que Wikipedia.

Gilles Aillaud aura pour thème de prédilection la représentation d’animaux dans des parcs zoologiques et les paysages de bord de mer. Par une palette volontairement froide et un travail particulier sur la perspective et le cadrage, Aillaud maintient le spectateur à distance du sujet.

Comme dit le commissaire de l’exposition :“L’artiste est un révolutionnaire, un visionnaire, un novateur tout à l’inverse de ce qui lui a parfois été reproché. En effet, Aillaud ne redéfinit rien de moins que les relations de l’être humain en rapport aux autres animaux et plus largement aux choses terrestres.Celui qui, sa vie durant, a peint les animaux enfermés dans des zoos, nous invite à repenser notre rapport au vivant et plus largement aux choses terrestres. En représentant ces animaux, réduits à de simples symboles au service du narcissisme humain, le peintre-philosophe Aillaud ne contribue-t-il pas à les sortir des cages ?

Pourtant deux tableaux dans l’exposition ne présentent pas des animaux.

La Bataille du Riz, huile sur toile 1968
162 x 162 cm
GillesAillaud. Réalité quotidienne des travailleurs de la mine (Fouquières-lès-Lens) n°6, 1971 Huile sur toile
162 x 130 cm

En 1965 au salon de la jeune peinture, on lui propose d’exposer dans la fameuse « salle verte »: chaque artiste doit concevoir une œuvre de deux mètres. Gilles Aillaud choisit de montrer ce tableau ( info trouvé sur le site de Connaissance des arts ).

Gilles Aillaud, Intérieur vert, 1964, huile sur toile, 200 × 200 cm,

Voir https://www.centrepompidou.fr/fr/magazine/article/gilles-aillaud-eco-artiste-avant-lheure

.

L’exposition nous montre des tableaux réalisés de retour d’un voyage au Kenya.

Vol d’oiseaux. 2000 Huile sur toile.

Girafes. 1989. Huile sur toile
Eau et crocodile 1971. Huile sur toile

Mais ce sont les animaux en cage qui ont fait connaître Gilles Aillaud, non pas comme un peintre animalier comme Rosa Bonheur, mais comme un philosophe qui nous parle de l’enfermement.

Rhinoceros. 1972. Huile sur toile

Oran-outang. 1967. Huile sur toile

Serpent dans l’eau 1967. Huile sur toile

Ce qui fait dire à Philippe Dagens dans un article du journal Le Monde concernant les peintures de Gilles Aillaud « que celles-ci font référence à Michel Foucault, qui publie en 1975 Surveiller et punir, Naissance de la prison. Les similitudes entre ses zoos et ménageries et les pénitenciers et autres quartiers de haute sécurité sont flagrantes”.

Python et tuyau. 1970. Huile sur toile.
Gilles Aillaud, Eléphants et clous, 1970
Huile sur toile, 195 x 250 cm

Otarie et jet d’eau, 1971. Huile sur toile

Rhinoceros. 1979. Huile sur toile

Au centre de l’exposition, une salle est consacrée aux dessins réalisés pendant son séjour au Kenya, chaque jour il a réalisé des portraits pour un livre en collaboration avec l’écrivain Jean Christophe Bailly.

Dessins pour le recueil “ d’étude des animaux “
Dessin pour le recueil “ Étude des animaux “

Pour finir, des tableaux sans animaux.

Cage vide

Piscine vide 1974. Huile sur toile

S

Dans le journal Marianne Franck Kessler: « Gilles Aillaud n’est ainsi pas le peintre de l’enfermement, et encore moins celui d’un quelconque système carcéral visant l’animal. Il est le peintre de la séparation, entre le visible et l’invisible, entre la nature et la culture, entre l’homme et l’animal. Mais il est surtout le peintre de la réconciliation, comme le suggèrent si bien ses toiles d’animaux en liberté au Kenya. L’animal, dans son milieu naturel, n’est plus sous la domination du regard de l’homme. Le peintre donne alors à voir ce qui échappe au regard de l’homme. De l’intérieur à l’extérieur somme toute, du visible à l’invisible. Il serait réducteur d’enfermer ses tableaux dans une lecture strictement politique.

Lorsque l’on interrogeait Gilles Aillaud sur son choix de peindre quasi exclusivement des animaux, il répondait : « Parce que je les aime ». Il nous rappelle alors ces mots de Walter Benjamin : « Je n’ai rien à dire. Seulement à montrer ». Gilles Aillaud n’est pas le peintre de l’enfermement, bien qu’il puisse nous aider à penser cette question. Il a été et reste avant tout le peintre de l’éblouissement ».

Mots du blog. Gilles Aillaud, peinture narrative, centre Pompidou,

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