Abstraction au MUMA

Le MUMA, MUsée d’art moderne André Malraux de la ville du Havre, nous montre une exposition sur l’abstraction,

Pour cela, les responsables du Musée et de l’exposition sont partis du principe « que l’abstraction ayant été l’une des grandes questions artistiques du XXe siècle, cela a donné des œuvres abstraites remarquables. Et l’exposition est là pour présenter cette aventure ». Ils ont choisi de façon très pédagogique de montrer un exemple de chaque courant de l’abstraction et ils ont développé avec Julius Baltazar l’évolution de l’itinéraire d’un peintre qui utilise l’abstraction.

Pour voir le texte complet de l’exposition. https://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/itineraires-abstraits

Laffiche est la reproduction d’un tableau de Jean HÉLION, 1932, huile sur toile, 72,8 x 60 cm. Il est là pour présenter Abstraction géométrique.

« Déchargé de l’obligation au réalisme, l’artiste peut transformer l’espace de la toile en un formidable terrain de jeu et d’exploration. Jouer des formes et des couleurs »

Nature Morte

« Des siècles durant, les artistes n’auront eu de cesse de « mimer » le réel. Ou de tenter d’y parvenir du mieux possible « .

Ce sera Albert GLEIZES (1881-1953), Peinture familière, 1923, peinture à colle sur toile, 80,5 x 65,5 cm.

Paysage

« Le sujet se dissout. Et le paysage lui aussi s’efface. Il s’abstrait. L’histoire du paysage en peinture nous rappelle que le report sur la toile en deux dimensions d’un espace en trois dimensions oblige l’artiste à faire des choix, à adopter un cadre, un point de vue. Le paysage pictural est une vision d’un espace, une traduction, et, même très réaliste, une distorsion du réel. »

Nicolas de STAËL (1914-1955), Paysage, Antibes, 1955, huile sur toile, 116 x 89 cm

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Informel 

« Si le sujet se dissout, la peinture reste un langage. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, certains peintres feront l’expérience d’un langage abstrait ». 

Albert FERAUD (1921-2008), Sans titre, 1976, encre de chine appliquée à la seringue hypodermique

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Geste

« Du signe, le regard se porte sur le geste. La matière, déposée sur la toile, est marquée du geste même de l’artiste. »

ZAO Wou-Ki (1920-2013), Growing, 1956, huile sur toile, 54 x 65 cm

Matériaux

« Débarrassés de l’injonction de signifier, attendus à ne plus livrer que ce que l’on a sous les yeux, des artistes de l’abstraction interrogent alors l’oeuvre d’art dans ses composants même : le médium, le support, le cadre, le matériau… »

Ladislas KIJNO (1921-2012), Papier froissé peint, 1976, 108 x 75 cm

Et pour continuer cet exposition, une cinquantaine de tableaux sont présentés pour approfondir cette notion de l’abstraction. Ceci sans rentrer dans un classement de définition des différents courants ou un ordre chronologique de la présentation. Ceci permet ainsi à un tableau de Dubuffet de côtoyer une sculpture de Morellet et qu’une peinture d’Olivier Debré soit juste à côté d’une ligne horizontale de Genevieve Asse …. Ceci nous donne à voir tous ces créateurs qui ont eu le plaisir de peindre, de créer des univers avec des lignes, une éclaboussure , une couleur etc. et c’est avec plaisir que l’on voit dans ce musée des d’enfants qui dessinent, gesticulent et donnent à ce musée une joie qui n’est pas monacale.

Jean DUBUFFET (1901-1985), Ontogénèse, 1974, vinyle sur panneau, 251 x 316 cm

Roger Chastels. 1945. Cheminée d’hôtel

Olivier Debré. 1968. Juin Jaune

Genevieve ASE. 1978. Horizontale
Léon GISCHIA (1903-1991), , Vue d’en haut, 1962, gouache sur papier, 65 x 50 cm. 

Maurice ESTÈVE (1904-2001), Noirlac, 1954, huile sur toile, 61 x 50 cm

André LHOTE. 1910. Les Arbres à Avignon

Etienne HAJDU. 1972. Estampille Blanche.

André MASSON (1896-1987), Nature morte avec poissons,
1924, huile sur toile, 55 x 46 cm

François MORELLET Sphère-trames, 1969, acier, 180 cm

Julius BALTAZAR (1949 – ), Sans titre, 2014, encre de Chine et acrylique sur papier, 76 x 56 cm

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En fin d’exposition, le musée présente une dizaine de tableaux du peintre Julius Balthazar. Ceci est un extrait d’une donation réalisée par cet artiste qui porte aussi le nom de Hervé Lambion comme signature pour l’écriture de ses romans.

Julius BALTAZAR. 1999. Sans titre

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Julius BALTAZAR. 2003. Lumières du Vent

Julius BALTAZAR. 2017. Sans titre

Julius BALTAZAR. 2017. Luis Mizon

Julius BALTAZAR. 2019. S ans titre

Julius BALTAZAR. 1988. Sans titre

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Au niveau du restaurant, on peut voir aussi les 3 panneaux de cette tapisserie réalisée en fils métallique par Simone PROUVÉ fille de l’ingénieur Jean Prouvé.

Simone PROUVÉ (1931- ), Sans titre (tapisserie), 1999, fibres textiles, 227 x 199 par panneau.

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Nous continuerons la suite de ce musée dans un prochain blog.

Levalet. Dessin de rue

A la gare Saint Lazare, on trouve au détour d’une entrée une installation graphique d’un auteur qui se nomme  LEVALET .

Ce travail de collage de dessin est intéressant à approfondir car c’est un vrai travail artistique dans sa globalité. Loin d’un illustrateur qui se sert de la rue comme galerie, ou d’un street artiste qui par le graph ou le lettrage exprime ses expressions, ici on est dans la suite de l’approche artistique commencée par Ernest Pignon Ernest. C’est la réalisation d’un collage de dessin (ou d’une série) et son installation dans un contexte urbain.

Reprenons le déroulé.

Même si l’approche idéologique est chez Levalet présente, elle est moins militante que chez Enerst Pignon Ernest. C’est une approche plus proche du théâtre. Un buster Keaton du dessin de rue.

Passer un moment sur son site est un plaisir.

https://www.levalet.xyz/odysseeproject

je vous convie à regarder ce qu’il appelle ses « odyssée projet” qui sont des petites animations à partir de ses collages de rue.

Son approche artistique est très contemporaine par les moyens de communication numériques mais sa force est qu’ il joue avec juste comme outil le dessin, la plupart du temps en noir et blanc.

Encore des extraits de son site.

Ci-dessous le clin d’œil à Daniel Buren est très drôle.

C’est du théâtre de rue ….un One man show Levalet

Sur le site de la galerie street art avenue cette présentation de l’artiste.

« L’œuvre de Levalet est avant tout un travail de dessin et d’installation. Il met en scène ses personnages dessinés à l’encre de chine dans l’espace public, dans un jeu de dialogue visuel et sémantique avec l’environnement présent. Les personnages interagissent avec l’architecture et se déploient dans des situations frôlant souvent l’absurde.

Son travail, alors davantage tourné vers la vidéo, se nourrit d’une pratique théâtrale assidue. Il obtient l’agrégation en 2012, année où son travail commence à prendre place dans les rues de Paris et d’ailleurs. Dès 2013, il commence à exposer en galerie et à participer à des événements internationaux. »

Le site est plus professionnel car il indique le nom des rues où sont effectués les collages https://street-art-avenue.com/street-artist/levalet

La Galerie Chenus Longhi a consacré à l’artiste trois expositions personnelles en 2016, 2018 et 2021. 

Gilles AILLAUD


Le conservateur du Centre Pompidou, Didier Ottinger, présente une rétrospective de ce peintre: “Gilles Aillaud. Animal politique “.

Pour commencer la présentation de Gilles Aillaud, il faut savoir qu’il est considéré comme un des acteurs important de la peinture narrative (mouvement artistique apparu, principalement dans la peinture, au début des années 1960).

Pour cela, j’ai envi de vous présenter un tableau (pas présent dans l’exposition) qui avait été réalisé par un collectif de peintres ( Edouardo Arroyo , Antonio Recalcati et Gilles Aillaud) dans les Années 1965.

“Vivre et laisser mourir ou la Fin tragique de Marcel Duchamp.”

Gilles Aillaud explique dans la préface de l’œuvre : « Pour nous, qui entendons nous manifester comme de véritables individus dans le temps et l’espace, il ne s’agit donc pas d’inventer ou de découvrir de nouvelles formes d’expression artistique mais de donner davantage à penser”

Les auteurs de ces toiles critiquaient chez Duchamp son refus de s’engager, eux qui pratiquaient une peinture politique qu’ils voulaient plus proches de la vraie vie que des musées. Avec ses ready-mades, Duchamp mystifiait, à leurs yeux, l’image de l’artiste, comme s’il suffisait qu’il touche un objet pour en faire une œuvre d’art.

Pour en savoir plus.

Le lien ‘: https://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/arroyo/vivreetlaissermouriroulafintragiquedemarcelduchamp.htm sur ce tableau résume bien le propos. Ainsi que Wikipedia.

Gilles Aillaud aura pour thème de prédilection la représentation d’animaux dans des parcs zoologiques et les paysages de bord de mer. Par une palette volontairement froide et un travail particulier sur la perspective et le cadrage, Aillaud maintient le spectateur à distance du sujet.

Comme dit le commissaire de l’exposition :“L’artiste est un révolutionnaire, un visionnaire, un novateur tout à l’inverse de ce qui lui a parfois été reproché. En effet, Aillaud ne redéfinit rien de moins que les relations de l’être humain en rapport aux autres animaux et plus largement aux choses terrestres.Celui qui, sa vie durant, a peint les animaux enfermés dans des zoos, nous invite à repenser notre rapport au vivant et plus largement aux choses terrestres. En représentant ces animaux, réduits à de simples symboles au service du narcissisme humain, le peintre-philosophe Aillaud ne contribue-t-il pas à les sortir des cages ?

Pourtant deux tableaux dans l’exposition ne présentent pas des animaux.

La Bataille du Riz, huile sur toile 1968
162 x 162 cm
GillesAillaud. Réalité quotidienne des travailleurs de la mine (Fouquières-lès-Lens) n°6, 1971 Huile sur toile
162 x 130 cm

En 1965 au salon de la jeune peinture, on lui propose d’exposer dans la fameuse « salle verte »: chaque artiste doit concevoir une œuvre de deux mètres. Gilles Aillaud choisit de montrer ce tableau ( info trouvé sur le site de Connaissance des arts ).

Gilles Aillaud, Intérieur vert, 1964, huile sur toile, 200 × 200 cm,

Voir https://www.centrepompidou.fr/fr/magazine/article/gilles-aillaud-eco-artiste-avant-lheure

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L’exposition nous montre des tableaux réalisés de retour d’un voyage au Kenya.

Vol d’oiseaux. 2000 Huile sur toile.

Girafes. 1989. Huile sur toile
Eau et crocodile 1971. Huile sur toile

Mais ce sont les animaux en cage qui ont fait connaître Gilles Aillaud, non pas comme un peintre animalier comme Rosa Bonheur, mais comme un philosophe qui nous parle de l’enfermement.

Rhinoceros. 1972. Huile sur toile

Oran-outang. 1967. Huile sur toile

Serpent dans l’eau 1967. Huile sur toile

Ce qui fait dire à Philippe Dagens dans un article du journal Le Monde concernant les peintures de Gilles Aillaud « que celles-ci font référence à Michel Foucault, qui publie en 1975 Surveiller et punir, Naissance de la prison. Les similitudes entre ses zoos et ménageries et les pénitenciers et autres quartiers de haute sécurité sont flagrantes”.

Python et tuyau. 1970. Huile sur toile.
Gilles Aillaud, Eléphants et clous, 1970
Huile sur toile, 195 x 250 cm

Otarie et jet d’eau, 1971. Huile sur toile

Rhinoceros. 1979. Huile sur toile

Au centre de l’exposition, une salle est consacrée aux dessins réalisés pendant son séjour au Kenya, chaque jour il a réalisé des portraits pour un livre en collaboration avec l’écrivain Jean Christophe Bailly.

Dessins pour le recueil “ d’étude des animaux “
Dessin pour le recueil “ Étude des animaux “

Pour finir, des tableaux sans animaux.

Cage vide

Piscine vide 1974. Huile sur toile

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Dans le journal Marianne Franck Kessler: « Gilles Aillaud n’est ainsi pas le peintre de l’enfermement, et encore moins celui d’un quelconque système carcéral visant l’animal. Il est le peintre de la séparation, entre le visible et l’invisible, entre la nature et la culture, entre l’homme et l’animal. Mais il est surtout le peintre de la réconciliation, comme le suggèrent si bien ses toiles d’animaux en liberté au Kenya. L’animal, dans son milieu naturel, n’est plus sous la domination du regard de l’homme. Le peintre donne alors à voir ce qui échappe au regard de l’homme. De l’intérieur à l’extérieur somme toute, du visible à l’invisible. Il serait réducteur d’enfermer ses tableaux dans une lecture strictement politique.

Lorsque l’on interrogeait Gilles Aillaud sur son choix de peindre quasi exclusivement des animaux, il répondait : « Parce que je les aime ». Il nous rappelle alors ces mots de Walter Benjamin : « Je n’ai rien à dire. Seulement à montrer ». Gilles Aillaud n’est pas le peintre de l’enfermement, bien qu’il puisse nous aider à penser cette question. Il a été et reste avant tout le peintre de l’éblouissement ».

Mots du blog. Gilles Aillaud, peinture narrative, centre Pompidou,